D’aussi loin que je me souvienne, la citadelle de Kowloon a toujours été pour moi un objet de fascination. Détruit en 1993, ce qui renforce encore plus son aura mythique, ce monolithe de béton constituait une zone de non-droit sur presque trois hectares dans laquelle même la lumière du jour pénétrait à peine.
Fantasme (cauchemar ?) réel de cyberpunk, ce quartier si particulier de Hong Kong a inspiré les décors de Ghost in the Shell (1995) et c’est une version remaniée que l’on parcourait dans Shenmue II (comme Yokosuka dans le premier épisode, cf. ma visite de la ville de Shenmue). C’est également dans la citadelle de Kowloon que Bloodsport, premier long-métrage avec Jean-Claude Van Damme, situe son intrigue et propose ainsi des plans de qualité ciné historiquement précieux. Une rareté présente dans le documentaire du Wall Street Journal ci-dessous, dans lequel on découvre le quotidien tel qu’il se vivait dans cette enclave chinoise, grâce à de nombreuses archives et notamment les clichés exceptionnels du photographe Greg Girard.
À la fin de cette vidéo, on découvre également Kawasaki Warehouse. Située dans la ville de Kawasaki au sud de Tokyo, cette salle d’arcade est la plus impressionnante que j’ai eu l’occasion de visiter, même après trois mois de voyage dans tout le Japon et bien des salles écumées. Celle-ci a en effet la particularité de reproduire les décors de la citadelle de Kowloon, avec tout le sens du détail inhérent à la culture nippone. L’atmosphère du lieu est très immersive, en particulier au rez-de-chaussée où l’on ne trouve pas de bornes mais la reproduction d’une rue étroite, avec sons d’ambiance, éclats de voix cantonnais et éclairages inquiétants, comme si on y était.
Pour jouer, il faudra se rendre au premier étage et l’intérêt ne se situe plus alors seulement dans le décor. Si des jeux récents sont proposés, l’endroit permet de s’essayer à plusieurs bornes anciennes et rares. De nombreuses bornes Astro City offrent également l’occasion de redécouvrir des grands classiques de l’arcade des années 90 à moindre coût. Enfin, le deuxième étage, même s’il ne semble pas respecter l’esthétique de Kowloon, vaut le coup d’œil pour son décor rococo et sa ribambelle de machines à sous et de pachinko, créant une ambiance hallucinante. Mention spéciale aux toilettes des hommes, elles aussi très immersives…
Les quelques heures passées à Kawasaki Warehouse auront été un vrai voyage, assez irréel il faut bien l’avouer. Une étape qui me semble désormais incontournable sur le chemin de Yokohama, où l’on trouve par ailleurs le plus grand Chinatown du Japon. Si vous souhaitez en savoir plus sur la citadelle de Kowloon, un utilisateur de reddit a détaillé son enfance passée dans la cité à travers un témoignage passionnant.