Si mon premier voyage au Japon a eu lieu en 2011, à Fukuoka, grâce à mon métier de journaliste, j’affirme m’y être rendu dix ans plus tôt grâce à un jeu vidéo. En effet, en 2000, je parcourais les rues d’une petite ville japonaise et discutais avec ses habitants, traînais au conbini et dans la salle d’arcades, dépensais mes yens en collectionnant des gachapon... Ce que je faisais il y a encore quelques jours au Japon, je le faisais alors virtuellement dans Shenmue, un titre majeur de la Dreamcast, réalisé par le légendaire Yu Suzuki, créateur de bornes et de jeux vidéo fondateurs tels que Hang-On, Out Run ou Virtua Fighter.
Avec Shenmue, Yu Suzuki et son équipe avaient pour ambition de plonger le joueur dans le quotidien d’un jeune Japonais des années 80, Ryo Hazuki, bouleversé par l’assassinat de son père. Karatéka accompli, Ryo allait alors entreprendre une enquête qui le conduirait jusqu’à Hong Kong dans Shenmue II (2001), à la poursuite d’une mystèrieuse organisation criminelle chinoise. La suite de cette aventure qui se fait attendre depuis plus de quinze ans devrait enfin voir le jour à la fin de l’année, Shenmue III étant devenu le plus important projet de jeu vidéo jamais financé via Kickstarter.
Avec ce souci de réalisme qui le caractérise (Shenmue était au moment de sa sortie le jeu vidéo le plus cher jamais créé), le titre SEGA prenait comme décor la ville de Yokosuka, située dans la préfecture de Kanagawa, connue pour sa base navale américaine. En entreprenant un voyage de trois mois à travers le Japon, il était impensable que nous n’allions pas découvrir « en vrai » le décor du jeu vidéo qui m’a sans aucun doute le plus marqué, et en particulier Dobuita Street, artère principale d’un quartier de Yokosuka dans lequel se passe la majeure partie de l’action de Shenmue.
Casque sur les oreilles avec la bande originale, je pensais jouer au jeu des sept différences. Mais on comprend rapidement que Dobuita dans sa version virtuelle n’est pas un copié-collé de la réalité, mais une inspiration plus vivante, plus étoffée, où les commerces et les croisements sont réagencés pour offrir plus de densité. Un quartier dans lequel on constate toute l’influence de la présence américaine à travers les bars et les magasins. Des magasins dans lesquels on trouve le blouson typique de Yokosuka, du même genre que celui orné d’un tigre porté par le héros Ryo. Prisé par les soldats, ce modèle de blouson propose souvent une mention en anglais, relative par exemple, à la guerre du Vietnam.
Un vendeur de gyros, bien moins sympathique que Tom, le vendeur de hot dogs du jeu vidéo, remplace la camionnette du rasta. La population sur place rappelle aussi ces marins bagarreurs qu’on devait terrasser à coups de QTE. En s’écartant un peu de la rue Dobuita, on s’aventure alors dans les hauteurs, où l’on trouve les rues caractéristiques présentes près du dojo Hazuki.
Et puis parfois, la fiction rattrape la réalité, comme quand en face du fleuriste qui a inspiré le lieu de travail de Nozomi, l’amie (petite amie ?) de Ryo, on découvre garée une berline noire aux vitres teintées…
Après avoir réalisé un rêve en arpentant pour « de vrai » une rue que j’avais déjà parcouru virtuellement, une question demeure pour un prochain voyage : est-ce qu’il y a vraiment des courses de chariots Fenwick dans ce port !?
[…] remaniée que l’on parcourait dans Shenmue II (comme Yokosuka dans le premier épisode, cf. ma visite de la ville de Shenmue). C’est également dans la citadelle de Kowloon que Bloodsport, premier long-métrage avec […]
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